L'ACTUALITE RUSSE EN FRANCAIS MISE AU POINT PAR RUSSIE POLITICS SUR Facebook ET Twitter!

vendredi 3 février 2012

Petit avertissement du Consulat de France à Moscou pour les manifestations ...

Voici ce que j'ai reçu aujourd'hui, manifestement comme tous les français résidant à l'étranger - et en l'occurence enregistrés au Consulat général de France à Moscou:
"Le Consulat Général de France attire votre attention sur les manifestations organisées samedi 4 février à Moscou :
- une marche de la Kalouzhskaia ploschad' à la Bolotnaia ploschad', où devrait se tenir un meeting. Horaires prévus : 12h-15h.
- un rassemblement sur la prospekt Sakharov de 14h à 18h
- un rassemblement sur la Poklonnaia gora à partir de 13h

Le trafic pourrait être perturbé, et des débordements ne peuvent être exclus."
Quelques questions:


  • D'où vient cet intérêt aussi soudain qu'officiel? Permettre aux citoyens français de ne pas se perdre dans une circulation "perturbée"? Tom-tom va les sauver de toute manière...

  • Pourquoi un tel avertissement avant la manifestation de demain, alors que les deux manifestations précédentes n'ont pas provoqué de réactions officielles particulières?

  • Y aurait-il réellement un risque de "débordement" alors que les autres manifestations se sont passées dans le calme et le respect de l'autre? A moins qu'il ne s'agisse d'une poussée aigüe de consience professionnelle?
Etrange, étrange ... vous avez-dit étrange? Nous verrons bien demain, mais en tout cas merci, un homme averti en vaut deux.
Moralité: Garez bien votre voiture!

Poutine négocie un virage à angle droit

Voir: Гладиаторы Путина. На встрече с юристами-наблюдателями Владимир Путин не исключил второго тура и предрек сложные выборы


Mercredi, V. Poutine a eu sa première rencontre officielle de campagne électorale. Avec des étudiants en droit réunis pour l'occasion. Au fil de la discussion, deux points fondamentaux ont été avancés: il envisage la possibilité d'une victoire au deuxième tour et compte sur l'indépendance des observateurs lors du déroulement des opérations de vote.

V. Poutine, dans l'évolution de son discours, semble vouloir prendre de cours l'opposition. Les élections doivent être honnêtes pour être acceptées. Il a manifestement arrêté d'apprendre à se tenir sur des patins à glace pendant que les électeurs manifestaient et met en route un processus de revendication de légitimité qui s'appuie sur ces mêmes électeurs. C'est une forme de normalisation. Ce qui serait une très bonne chose pour la Russie.

Quand il propose aux étudiants d'être des observateurs, certains soulèvent une question intéressante, que faire s'ils se trouvent confrontés à des falsifications ou des infractions allant dans l'intérêt du candidat Poutine? Réagir dans les règles, aucune falsification ne doit être admise. Aucune provocation non plus. Les élections doivent être propres. Pourquoi prendre des observateurs étrangers, dont les positions sont souvent connues avant même le déroulement du vote? Ils sont nécessaires pour que les élections soient légitimes à l'extérieur. Et pour qu'elles soient encore plus légitimes à l'intérieur, Poutine est prêt à accepter des observateurs venant d'autres partis, de l'opposition, puisqu'il n'a rien à cacher.

Autre question délicatement posée par une étudiante: nous faudra-t-il travailler un ou deux dimanches? V. Poutine, pour la première fois, affirme ne pas exclure une victoire au deuxième tour. On rappellera que selon les sondages effectués par différents instituts (plus ou moins proches du pouvoir) il va de 37% à 49% d'intentions de vote au premier tour. La question est donc d'actualité. Tous les efforts sont mis pour une victoire au premier tour, car le délai qu'implique l'organisation d'un deuxième tour peut provoquer des destabilisations bien connues.

Poutine manie ainsi la plitique de la main de fer dans un gant de velours. Main de fer dans les classiques: le parti-pris des étrangers, les risques de destabilisation et l'instrumentalisation des élections... Même si parfois, la question aussi pourrait se poser ...

Le gant de velours: l'invitation pour les observateurs venant de l'opposition, l'acceptation - même théorique - d'un deuxième tour.

V. Poutine s'adapte très vite aux circonstances, très intelligemment. Ce qui va provoquer des doutes dans la population au moment du vote. De quoi se plaint l'opposition? De ne pas gagner. A qui la faute?

jeudi 2 février 2012

La révolution télévisuelle a-t-elle eu lieu dimanche?

Voir: http://www.ej.ru/?a=note&id=11738 et
http://www.grani.ru/Society/Media/Television/m.195310.html

Dimanche soir, la télévision russe a rompu avec une tradition bien ancrée: des représentants de l'opposition "non systémique" ont été invités en prime time pour s'exprimer sur la politique du pays sur NTV et sur Pervyi kanal.

L'information n'a été reprise que par certains médias libéraux, comme le site d'opposition grani.ru ou Ejednevnyi journal. Posant plus de questions que n'apportant de réponses.

Et le plus intéressant est que cette opposition elle-même n'ose y croire. A du mal à comprendre ce qui se passe. Comme si elle était surprise de cette réussite. Comme si elle avait peur de ne savoir comment rentabiliser à long terme cette victoire, pour que ça ne finisse en feu de paille.

En effet, B. Nemtsov (PARNAS) et la journaliste de l'année O. Romanova dans l'émission "NTVchniki", cette même émission dont les journalistes avaient "attaqué" l'association Golos avant les législatives. V. Ryjkov sur Pervyi kanal, avec Jirinovsky et Gudkov, dans l'émission de Gordon.

Jusque là, depuis les manifestations, ils avaient pu faire quelques apparitions sur les grandes chaînes, un mot par-ci, une phrase par-là, mais pas d'accès suffisant pour faire passer des idées. Sauf pour O. Romanova que l'on voyait très souvent sur les chaînes.

Toutefois, le mouvement était lancé. La muraille s'est effritée, une brèche a été ouverte dimanche.

Comment comprendre ce fait constaté?

Tout d'abord, en ce qui concerne les personnes invitées. Les positions de Nemtsov sont connues, depuis longtemps et il a atteint le seuil de son potentiel politique. O. Romanova est plus dans l'activisme que dans le projet politique, dont la Russie a un urgent besoin aujourd'hui. Ryjkov, lui, partageant les mêmes idées que Nemtsov, les exprime avec plus de talent, mais les risques, pour les mêmes raisons, sont minimes pour le pouvoir. D'autant plus qu'il est mis aux côtés de Jirinovsky, personnage caricatural.

Ensuite, on remarquera des absents. Iachine qui développe un discours constructif d'opposition. Et Navalny représentant le nationalisme politique et le libéralisme économique. Ces deux personnages peuvent représenter un plus grand danger. Car ils ne sont pas caricaturaux. Et leur potentiel politique est difficile à estimer encore. Ils n'ont pas atteint leur seuil.

Mais quoi qu'il en soit, la porte a été ouverte. Et c'est une démarche très intelligente de la part du pouvoir. Tout d'abord, puisque depuis les manifestations, les positions de l'opposition sont connues, donc il n'y a pas de risque majeur à leur donner de l'audience. Ensuite, cela permet évidemment de faire sortir la vapeur avant les élections présidentielles. Mais surtout, l'opposition ayant eu accès aux grands médias nationaux, met son discours dans le débat public. Ce qui ouvre la porte également à la discussion ... et à la critique. Normaliser le discours d'opposition, c'est aussi normaliser la critique de ce discous. C'est éviter le risque d'une "dictature de la minorité".

Autre effet que l'on peut relever: s'il y a un espace d'expression, il faut le remplir. Et l'on sent ici la panique de certains opposants. On ne peut le remplir avec une critique constante, il faut aussi proposer, développer un discours positif, une Idée pour le pays. Si le pouvoir joue bien cette partie, il peut en sortir renforcé. Parce qu'il normalise les règles du jeu et que c'est à l'opposition maintenant de prendre ses responsabilités devant le peuple et plus seulement devant ses partisans. Les gens pourront alors vraiment juger sur pièce.

mercredi 1 février 2012

La moitié des russes croient que les élections seront honnêtes

Честные на 49%
Менее половины россиян ждут честных выборов


Selon les données du Centre Levada, un tout petit peu moins de la moins des personnes interrogées pensent que les élections présidentielles seront honnêtes.

En effet, 49% des personnes interrogées partagent cette position, quand 28% n'y croient pas. Seulement 10% sont convaincus qu'il n'y aura pas de falsifications et 30% pensent qu'il y en aura moins qu'aux élections législatives du 4 décembre. Mais 37% des personnes interrogées pensent qu'il y aura de falsifications, voire plus, qu'aux législatives. C'est justement ce sentiment qui a poussé les gens dans la rue après les dernières élections, mouvement populaire sans pareil depuis la chute de l'Union soviétique.

Il y a quelques temps de cela, V. Poutine s'était prononcé pour la transparence des élections, proposant de mettre des caméras vidéos dans les bureaux de vote et avait même soutenu l'idée d'urnes transparentes. Si tous les russes n'ont pas cru les déclarations de Poutine, une écrasante majorité estime sa victoire aux présidentielles inéluctable. Pour 78% des gens, V. Poutine gagnera les présidentielles. Seulement 1-3% des personnes interrogées croient en la victoire d'autres candidats.

53% des gens croient en une victoire de Poutine au premier tour et seulement 28% la prévoient au deuxième tour. Même dans l'hypothèse d'un deuxième tour, il ne reste qu'un grand favori. Dans une configuration Poutine/Ziouganov, 55% contre 18%. Contre Mironov ou Jirinovsky, Poutine reste autour de 56%.

Dans une configuration peu réaliste Poutine/Prokhorov, Poutine est crédité de 57% d'intention de votes contre 11% pour Prokhorov.

En ce qui concerne l'appréciation des derniers mouvements de masse, la position des russes se divise. 43% des personnes interrogées soutiennent ces actions, quand 42% les condamnent. Et la grande majorité, 78% des personnes interrogées n'envisagent pas d'y prendre part. 13% des personnes interrogées envisagent de sortir dans la rue après les élections présidentielles.

Seulement 29% des personnes interrogées ont déjà entendu parler de la Ligue électorale, créée après les grandes manifestations de ces dernières semaines. 72% en ont pour la première fois entendu parler quand la question leur a été posée. Toutefois, pour 59% des gens, Poutine doit entrer en dialogue avec l'opposition et seulement 13% s'y opposent.

Que V. Poutine garde un poids politique fort dans la société russe actuelle, c'est un fait. Mais la manière dont les élections vont se passer et les réformes qui sont en cours et doivent encore être réalisées seront déterminantes. Il est possible de renforcer l'Etat ou de lancer un culte de la personnalité qui va affaiblir l'Etat. Sans tomber dans la dictature de la minorité - qui reste toujours un risque en ces périodes troubles - le système politique russe ne peut se passer d'une institutionnalisation de l'opposition, ce qui passe par le pluralisme politique.


mardi 31 janvier 2012

Iakemenko prépare les manifestations pro-Poutine

Якеменко помитингует на прощание
Глава Росмолодежи Василий Якеменко в марте уйдет в отставку


Le président de l'organisation de jeunesse "Rosmolodioji" (Росмолодежи) et fondateur du mouvement des jeunes pro-Kremlin Nachi, V. Iakemenko, pourrait quitter ses fonctions à l'Administration présidentielle en mars après les élections. Il se préparerait à une carrière politique et fait dès à présent - non officiellement - partie du Front populaire de Poutine, mobilisant la jeunesse pour les manifestations de soutien à Vladimir Poutine, avant et surtout juste après les élections.

Dès l'automne dernier, le bruit courrait sur la possibilité de V. Iakemenko de quitter ses fonctions à l'Administration présidentielle. Toutefois, il affirmait rester en place aussi longtemps que V. Surkov le voudrait. Après le départ de Surkov et les vagues de manifestations, en accord avec le Kremlin, il prévoit démissionner après les présidentielles. C'est aussi une manière pour le Kremlin de faire plaisir à l'opposition en écartant à peu de frais des personnages qui ont particulièrement mauvaise réputation dans la société civile.

En attendant, jusqu'aux élections présidentielles, il travaille auprès du Front populaire de Poutine en tant que consultant. Il y prépare la mobilisation de la jeunesse en faveur de V. Poutine pour les manifestations de février et des premiers jours après les élections de mars.

Une source à l'Administration présidentielle confirme l'information selon laquelle des manifestations de masse sont prévues autour des élections pour affirmer leur soutien au vote Poutine et la validité des élections, contrant ainsi les manifestations populaires prévisibles. V. Iakemenko ne croit pas particulièrement en l'effectivité de ces manifestations organisées, la situation ayant changée, mais il s'en occupe sur demande de l'Administration. Par ailleurs, la question du financement de ces actions se pose, puisque le budget du pays ne prévoit rien en la matière.

Dans l'entourage de Iakemenko, on sous-entend la possibilité de transformer le mouvement Nachi en parti politique. Il possède un réseau, des gens qui lui sont personnellement attachés et l'expérience nécessaire. Par ailleurs, la prévision d'une libéralisation de la législation sur l'enregistrement des partis politiques donne des vocations.

La personnalité de Iakemenko est très controversée. Il est concerné par plusieurs scandales en matière d'escroquerie, d'activité criminelles et autres, mais pour l'instant rien n'a aboutie contre lui. Il est également particulièrement concerné par l'affaire Kachine (le journaliste battu et nommément menacé sur le site de Nachi). Si ce type de personne apparaît sur la scène politique, s'il y trouve une place, il ne peut le faire qu'avec l'accord du pouvoir. Il faut voir s'il ne s'agit pas d'une manière de brouiller le paysage politique et de durcir le mouvement.

A suivre ...

lundi 30 janvier 2012

Pas de révolutions oranges en Russie pour l'instant

Нарышкин: «оранжевая революция» в России неосуществима




Aujourd'hui, le département de la Douma pour les relations avec la société civile et les médias a cité le nouveau président de la Douma, S. Narychkine. Celui-ci affirme que le sénario d'une révolution orange en Russie n'est pas réaliste. Les gens comprennent que le changement du système politique peut et doit se faire dans le cadre de la loi et ils ne veulent pas que les changements remettent en cause l'existence de l'Etat.


Les propos de S. Narychkine sont - pour l'instant - le reflet d'une réalité. Cela se voit dans le style des manifestations qui ont eu lieu notamment à Moscou. Tout se passe dans le calme ... mais dans la détermination.


Cela n'implique pas la faiblesse des revendications. Et il serait dangereux que le pouvoir en place sous-estime la force du sentiment populaire.


Si les réformes annoncées ne sont pas menées. Si elles ne servent qu'à orner de quelques éléments démocratiques une réalité qui ne changera pas . Le peuple ne sera pas dupe.


Si les ressources administratives et les falsifications sont utilisées en masse pour faire passer V. Poutine au premier tour, alors qu'il pourrait légitimement et dans le calme gagner les présidentielles au deuxième tour, ce pourrait être un détonateur pour que les mouvements de masse ne soient plus aussi pacifiques.


Il serait dommage de risquer de faire peser sur l'Etat un risque aussi important. Alors qu'il y a une possibilité de faire évoluer le système sans ces dérives révolutionnaires dont les conséquences sont incontrôlables. Alors qu'il y a une crise financière, économique et systémique mondiale qui nécessite un Etat fort et légitime pour la conjurer.