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jeudi 11 décembre 2014

Rapport sur les tortures menées par la CIA ou le comble du cynisme (+18ans)


Dans une mise en scène digne d'un blogbuster hollywoodien, les Etats Unis viennent de rendre public un ersatz vidé de sa substance du rapport d'enquête de 6700 pages du Sénat américain sur les pratiques de torture utilisées par la CIA dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appelé les pratiques d'interrogatoire élargies. Privation de sommeil, noyade, coups ...

Autrement dit comment les attentats du 11 septembre ont pu servir d'excuse pour lancer un programme d'Etat de recours systématique à la torture et de violation de tous les droits liés à la personne humaine sous couvert de lutte contre le terrorisme.  

Autrement dit, par le Patriot  Act, qui est censé couvrir légalement ces pratiques, comment les Etats Unis sont devenus un Etat terroriste, dont le régime devrait, en tant que tel, être jugé par une Cour internationale. Les responsables, à savoir les Présidents concernés, les ministres de la justice, les responsables et les membres de la CIA, doivent être arrêtés, jugés et condamnés. Le régime doit être changé pour entrer dans une phase de transition démocratique, sous tutelle internationale. 

C'est ce qui se passerait pour n'importe quel autre Etat. Ça ne se passera pas pour les Etats Unis. Car ce sont les Etats Unis. Ils le savent et c'est pourquoi ils ont joué cette parodie de transparence démocratique. En toute conscience. Au comble du cynisme.

Attention, en ouvrant le lien, vous risquez d'être choqué par les images en fin de texte.

L'on peut déjà admirer le sens du commerce dans l'esprit américain, qui ne perd pas une bonne occasion de lier l'utile à l'agréable: mettre la torture en outsourcing. Concrètement, déléguer à deux psychologues qui ont fondé deux compagnies privées la conduite d'un plan de torture efficace pour faire parler les présumés terroristes, terroristes qui leur furent également envoyés pour interrogatoire. Leurs noms évidemment ont été effacés. L'on sait simplement qu'ils n'avaient strictement aucune expérience en matière d'interrogatoire et travaillaient avec les militaires sur les conditions de survie en milieu hostile. Pour cela ils touchèrent quelques millions de dollars. Par exemple, ils touchèrent 180 millions de dollars en 2006.

Pour continuer sur le plan financier, ce programme spécial de la CIA qui a officiellement duré de 2001 à fin 2009, a coûté au bas mot 300 millions de dollars aux contribuables américains. Sans compter les dégâts collatéraux. Par ailleurs, comme le souligne le rapport d'enquête, les informations obtenues n'ont pas permis de mettre en place des actions efficaces pour lutter contre le terrorisme. Bref, cher et inefficace. Ce qui perturbe manifestement le sens du commerce inné chez ces gens et semble être une des raisons de l'indignation des membres du Sénat. Bien plus que les tortures elles-mêmes.

Car, sur le plan moral, ils ne semblent pas trop perturbés. A part quelques indignations correctement exprimées et filmées, le ministre de la justice a affirmé ne pas voir de fondement pour poursuivre qui que ce soit, puisque chacun a agit dans le cadre du Patriot Act adopté par le Président Bush Jr., Act pour la peine très largement interprété. La CIA dit qu'elle n'a fait que ce qui était attendu d'elle. La présidence, aujourd'hui, est un peu mal à l'aise, mais n'a pas l'intention d'agir particulièrement, la CIA reste quand trop utile.

D'un autre côté, à part quelques associations qui demandent des actions en justice, où quelques exécutants pourront être jetés en pâture aux médias devant un tribunal, la communauté internationale est outrageusement paisible. Comme le souligne la presse française, c'est un acte de courage, de démocratie, de transparence. L'UE le félicite. Bravo! Personne ne cherche trop à discuter sur le fond: évidemment c'est atroce, mais il a fallu aux américains surmonter un véritable traumatisme avec le 11 septembre et ils en ressortent fortifiés. Peu importe les victimes.  Il y a bien sûr l'Iran ou la Russie, par exemple, qui condamnent réellement ces actes de barbaries et les attribuent à un système de gouvernance et non seulement à un écart momentané. Mais qui va les écouter?

Certainement pas les européens qui sont mouillés jusqu'au cou avec les prisons secrètes de la CIA. La Lithuanie commence à s'inquiéter, elle ne reçoit aucune aide, même juridique, des Etats Unis suite à ces incriminations et a peur de devoir encore et payer des compensations aux familles des victimes. Elle est par ailleurs choquée d'avoir été citée comme pays de liaison de la CIA pour ces interrogatoires musclés, ces tortures. Il faut la comprendre, elle a fait tout ce qui était attendue d'elle, et le grand show du Pardon l'entraîne dans une télé-réalité dont elle se serait bien passée. La Pologne aussi voit le secret de polichinelle jeté à la face du monde. Ce grand pays démocratique, l'image de la transition réussie à l'Est. Que se passe-t-il? Rien, la transition est réussie. Le pays est correctement passé sous domination américaine. Et pour tout l'investissement fait dans les structures démocratiques polonaises par les Etats Unis, le moment est venu de payer une partie de la facture. Et ce n'est pas fini en réalité, puisque l'Ukraine est envisagée pour recevoir des prisonniers "spéciaux" en provenance des Etats Unis.

Car soyons clairs, les Etats Unis ne vont pas payer la facture. Ce sont les pays collaborateurs qui seront les plus touchés, car les plus faibles. Leur réputation va encore chuter, moins que celle des Etats Unis, mais comme ils sont plus bas dans la chaîne alimentaire, ils seront en premières lignes. 

Qui va mettre en place une cour internationale pour juger des crimes commis par les Etats Unis? Personne, puisque les Etats Unis ne reconnaissant pas la compétence de la justice pénale internationale, elle ne pourra leur être appliquée. Qui va tenter une compétence universelle pour juger des crimes touchant les droits de l'homme? Aucun Etat, car tous ceux qui la reconnaissent sont des alliés impliqués des Etats Unis. 

Ils bénéficient donc d'une impunité de fait. Ce qui leur permet de fanfaronner en publiant quelques centaines de pages sur les presque 7000 existantes, des pages dont les noms ont été enlevés, dont tous les lieux n'ont pas été indiqués, des pages qui ne renvoient qu'à ce qui était connu, le reste ne devant pas être public. Le Mea Culpa a des limites, surtout qu'il ne s'agit pas d'un Mea Culpa et pas plus de transparence. Et même cela a conduit à renforcer immédiatement le niveau de sécurité des infrastructures, bâtiments et personnels liés aux Etats Unis de part le monde. Un risque de vengeance étant, selon la Maison Blanche, plus que réel.

Mais maintenant que ces pages sont publiées, on va pouvoir passer à autre chose, finir de bombarder les civils du Donbass par exemple ou d'autres peuples. Ce n'est pas grave, il suffira ,si cela se sait trop, de faire une autre enquête, dans quelques années, et tout ira bien.

Bonne nuit. Elle promet d'être longue, très longue. Avant que nous ne sortions du cauchemar. 





3 commentaires:

  1. Je me permets d’ajouter un complément à votre billet que j’approuve intégralement :
    Ce sont des citations du livre de Naomi Klein « le capitalisme di désastre »
    je les trouve très éclairantes.
    Sous Pinochet, grand ami des USA et de Thatcher, dans les salles de torture du régime, les corps qui se convulsaient sous l’effet de la douleur étaient ceux des personnes les plus susceptibles de s’opposer aux méfaits de l’ultra libéralisme des «Chicago boys ».
    « En Amérique latine, nombreux sont ceux qui établirent un lien direct entre les chocs économiques qui se soldèrent par un appauvrissement de millions de personnes qui rêvaient d’une autre société et la torture.
    D’où la question posée par l’écrivain Uruguayen Edouardo Galeano : Comment maintenir ces inégalités autrement que par des décharge électriques. »…
    … « Du Chili à la Chine en passant par l’Irak, la torture a été le partenaire silencieux de la croisade mondiale en faveur de la libéralisation des marchés »
    L’un des buts premiers de la torture est moins d’obtenir, aveux, argent où renseignements de la victime que de terroriser le reste de la population.
    Au Salvador, les escadrons de la mort laissaient les corps mutilés sur les bords des routes indiquant aux gens « qu’en cas d’écart de conduite, ils risquaient de connaitre le même sort. Souvent on avait accroché sur les corps torturés un panneau portant la signature de l’escadron de la mort : Mano Blanco ou brigade Maximiliano Hernandez. En 2005, de tels messages étaient monnaie courante le long des route en Irak. »….
    …« Malgré l’aura de mystère qui l’entourent et la réaction bien compréhensible qui pousse à la traiter comme une aberration échappant au cadre du politique, la torture n’a rien de compliqué ni de mystérieux…Les écologistes définissent un écosystème par la présence de certaines – espèce indicatrices- de plantes ou d’oiseaux ; la torture est l’espèce indicatrice d’un régime qui, même s’il a été dûment élu, est engagé dans un projet profondément antidémocratique. »
    Marcos aux philippines, le Shah en Iran, Saddam en Irak, les français en Algérie, les Israélien dans les territoires occupés, les USA en Irak et en Afghanistan….
    … « En tant que moyen de soutirer des renseignements à un prisonnier, la torture est notoirement peu fiable, mais pour terroriser et contrôler les populations, elle n’a pas son pareil.
    En 1962 Gisèle Halimi, avocate française qui représentait plusieurs Algériennes torturées et violées en prison, écrivait excédée : - les mots étaient les mêmes…les mêmes indignations, les même signatures, les mêmes promesses, ce mécanisme n’avait en rien diminué le nombre des électrodes, ni supprimé ceux qui les manipulaient. Et sur le même sujet Simone de Beauvoir renchérit : - il serait vain de s’indigner ; protester au nom de la morale contre des excès ou des abus, c’est une aberration qui ressemble à de la complicité. Il n’y a nulle part d’abus ou d’excès, mais partout un système. »
    ….
    Naomi Klein – le capitalisme du désastre-

    Notre conclusion sera celle-ci : que les USA soient aujourd’hui sous les projecteurs de l’actualité concernant la torture, ou encore les violences de Fergusson n’a rien d’étonnant.
    La violence est inhérente au libéralisme. Le fascisme en est son instrument. Voir ce qui se passe en Ukraine où les USA et l’UE soutiennent une coalition dont le pouvoir s’appuie sur d’authentiques nazis qui terrorisent la population, (incendie d’Odessa, bombardements des civils au Donbass) dans une opération punitive brutale, comme toujours, au nom des droits de l’homme et du droit international.
    Georges Vital

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  2. attention aux sources ! la dernière photo est issue du film Turning Point Laughing Gor :

    http://www.hkcinemagic.com/en/gallery.asp?fid=11177&pid=121&type=1&id=63874

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