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samedi 4 juillet 2015

Ukraine: combien le retrait de Chirokino va-t-il coûter?

В сети появились новые фото разрушенного Широкино

A la surprise générale, l'armée de Novorossia a abandonné ses positions à Chirokino, village à proximité de Mariupole. La zone, qui était déjà totalement dépeuplée en raison de l'intensité des combats, a été officiellement déclarée zone démilitarisée. S'agit-il réellement d'une volonté marquée par les combattants de Novorossia de respecter les accords de Minsk ou serait-ce un acte stratégique? En attendant, Kiev se gargarise de son haut fait d'arme et la propagande bat son plein.


Beaucoup affirment que Chirokino ne présente, militairement, aucun intérêt stratégique, donc le retrait des forces militaires de Novorossia ne serait qu'un acte "technique". La zone est dépeuplée, sa localisation le rend difficile à tenir, mais simplement il est devenu un symbole, comme l'aéroport de Donetsk. D'où une focalisation de l'attention.

Donc le fait de démilitariser la zone, en affirmant l'exécution et le scrupuleux respect des accords de Minsk permettraient, en fait, de faire d'une pierre deux coups: militairement laisser un point de conflit qui ne sert à rien et médiatiquement redorer leur image à des combattants toujours considérés comme des "terroristes" dans les médias occidentaux.

Soit. Comme l'affirment certains analystes russes et ukrainiens,  il peut en effet être intéressant de reculer si, derrière, il y a une vision stratégique de développement, comme à l'époque Strelkov avait fait avec Slaviansk. Mais ici, ce recul laisse perplexe. Tout d'abord, aucune perspective sérieuse d'avancée quelque part ne peut découler directement du retrait des troupes de Chirokino. Ensuite, en situation de guerre, chaque terre est importante, le positionnement de la ligne de front en dépend. Car dans cette logique, il aurait été possible d'abandonner d'autres positions qui "ne servent à rien", l'aéroport de Donetsk par exemple. Enfin, si le but était de diminuer la pression militaire sur Chirokino, certes cela a fonctionné. Mais immédiatement, la pression s'est déplacée ... sur Sakhanka ... qui d'ici deux à trois semaines sera dans le même état que Chirokino. Alors, les forces militaires de Novorossia appliqueront-elles la même "stratégie"?

Donc militairement, le retrait s'intègre difficilement dans la logique d'un conflit qui n'est pas fini, puisque le cessez-le-feu reste très hypothétique. Au moins, s'il pouvait apporter quelque chose sur le plan médiatique. Mais là aussi, le bas blesse. Les forces ukrainiennes étant extrêmement surprises par ce retrait, ont demandé à l'OSCE de vérifier sur place. Pour leur part, les républiques indépendantes ont également remis le territoire entre les mains de l'OSCE pour surveiller la démilitarisation. Et la confirmation est tombée, oui, ils sont bien partis. 

Y a-t-il pour autant eu des retombées visant à souligner la bonne volonté des combattants à appliquer les accords de Minsk, à l'inverse des forces militaires ukrainiennes qui continuent à bombarder? Non. Rien.  Etrangement la presse occidentale ne s'est pas extasiée. Strictement rien. Silence total. Enfin, pas tout à fait. Car la machine à propagande ukrainienne s'est immédiatement mise en route expliquant et inondant les ondes de leur version qui est devenue la version officielle: en fait, les "terroristes" sont partis car ils avaient subi de très importantes pertes en hommes et en techniques et non pour respecter les accords de Minsk. Ce que diffuse le bataillon d'extermination ukrainien Azov sur les réseaux sociaux et ce qui est repris par la presse. 

Autrement dit, plus personne ne se souvient, au bout de 24h seulement, que les républiques du Donbass veulent appliquer les accords de Minsk, mais simplement qu'elles ont reculé. Point. Et c'est ce qui restera en mémoire. Donc, militairement c'est un recul sans perspective d'avancée et médiatique c'est une défaite.

Pour suivre cette nouvelle logique "stratégique", ne sachant pas qui a pu leur conseiller un tel coup d'éclat, il faudrait continuer le retrait "stratégique" jusqu'à la frontière russe, mettant dans les bagages femmes et enfants. De toute manière, le territoire de ces républiques est petit et ne présente en général pas un très grand intérêt stratégique. Les populations seraient sauves et définitivement déplacées. Les accords de Minsk seraient respectés et la réforme constitutionnelle ukrainienne ainsi que les élections locales pourraient enfin se faire sans voix discordantes. Il n'y aurait plus de problème avec la langue russe, puisqu'il n'y aurait plus de russophones. Un problème serait réglé.

Pourrait-on dire que, pour autant, les relations Est-Ouest seraient meilleures, voire normalisées? Non, pour cela il faudrait aussi abandonner la Crimée. Dans un premier temps, après on verra ce qu'il faudrait encore abandonner pour calmer l'appétit grandissant de "nos chers partenaires". Puisque l'important n'est pas le territoire concerné, l'important est l'acceptation de céder. Comme on dit, c'est le premier pas qui coûte ...

A force de crier haut et fort qu'elle ne veut pas la guerre, qu'elle ne veut pas du Donbass, la Russie se met en position de faiblesse et fait artificiellement monter les enchères. Car si elle ne veut pas de la guerre, elle est prête à accepter des concessions qui deviennent de plus en plus conséquentes. Surtout qu'elle semble être la seule partie à ne pas en vouloir de cette guerre. Et pour la paix, il faut être deux. Chirokino est effectivement un symbole, plus des combats, mais des concessions. Combien finalement va-t-il coûter? Plus le temps passe, plus le coût augmente.

4 commentaires:

  1. Pourquoi diable font-ils cela? Ce genre de nouvelles est extrêmement décourageant, non seulement pour la suite des événements chez eux, mais également pour nous.

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  2. Je ne peux expliquer pourquoi, juste par l'intuition mais j'ai confiance pour une fois. Croisons les doigts pour la Nouvelle Russie.

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  3. Poutine , dit-on , est un très bon jouer d'échecs . Bon . Mais quand et après combien de pertes inquiétantes se décidera-t-il a faire échec et mat , et , en prime , à pendre par les couilles les oligarques bellicistes stipendiés par Washington (c'est ce qu'il avait dit à propos de Saskaachvilli...) .Les yankees , pour que fous qu'ils soient , n'oseront pas déclencher la Troisième Guerre Mondiale , qui , entre parenthèses , est déjà déclenchée , au moins depuis la première guerre du Golfe .

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  4. Tout ceci serait vrai s'il y avait une vraie nation et une vraie armée avec une stratégie cohérente.
    Point de tout cela ici.
    Ce n'est pas une localité qui va empêcher les jeunes ukrainiens de fuir en Russie pour échapper à la conscription, ni la junte de s'écrouler après le défaut en juillet.
    Wait and see, le fruit est pourri et va bientôt tomber de l'arbre

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